Trois études conduites par un consortium mondial et publiées dans les revues Molecular Psychiatry, PNAS et Nature Genetics mettent à jour plusieurs dizaines de gènes associés à la dyslexie et aux compétences en lecture. Ces analyses ont été effectuées sur un nombre important de participant·e·s. Elles ont permis de détecter les premières variations génétiques associées à la dyslexie et aux compétences en lecture dans des gènes qui jouent un rôle dans le développement d’aires cérébrales impliquées dans le langage. Franck Ramus, directeur de l'équipe Développement Cognitif et Pathologie à l'ENS, et Thomas Bourgeron, directeur de l'unité Génétique Humaine et Fonctions Cognitives à l'Institut Pasteur, ont mené pendant de longues années des études sur les bases génétiques de la dyslexie. Leurs données ont été mises en commun avec ce consortium et portent maintenant leurs fruits (Communiqué du CNRS).
La dyslexie est un trouble spécifique de l’acquisition de la lecture et de l’orthographe, qui affecte environ 5% des enfants. Les études de familles et de jumeaux ont suggéré depuis longtemps une composante génétique à la dyslexie. Ces 20 dernières années, plusieurs études ont avancé que certains gènes étaient associés à la dyslexie mais les résultats génétiques étaient jusqu’à présent peu informatifs, car les effectifs étaient encore insuffisants pour mener des analyses à l’échelle du génome entier.
C’est pour cela que de nombreux scientifiques possédant des données génétiques relatives aux capacités de langage ont créé le consortium Genlang, dont le but est de rassembler toutes les données existantes au niveau mondial pour réaliser des études génome-entier sur le langage et sur ses troubles.
Trois études récemment publiées dévoilent enfin les premiers résultats de ces analyses.
Une première étude a analysé les données de 9 populations dans 6 langues européennes pour comparer le génome de 2 000 personnes dyslexiques et 6 000 témoins (Gialluisi et coll. 2021). Une seconde étude a rassemblé les données de 22 cohortes dans 12 pays comprenant 34 000 participants dont les compétences de langage oral ou écrit avaient été testées, et dont l’ADN a été analysé (Eising et coll. 2022). Enfin, une troisième étude a analysé les données génétiques de plus d’un million de clients de la compagnie 23andMe, volontaires pour participer à la recherche et qui avaient répondu à la question « Avez-vous eu un diagnostic de dyslexie ? » (et dont 50 000 avaient répondu « oui ») (Doust et coll. 2022).
Ces nouveaux résultats contribuent donc à éclairer les causes génétiques de la dyslexie, les mécanismes cérébraux sous-jacents ainsi que les liens entre la dyslexie et les autres troubles neurodéveloppementaux.
Pour en savoir plus :
- Gialluisi, A., et 49 auteurs (2020). Genome-wide association study reveals new insights into the heritability and genetic correlates of developmental dyslexia. Molecular Psychiatry.
- Eising E. et 92 auteurs (2022). Genome-wide analyses of individual differences in quantitatively assessed reading- and language-related skills in up to 34,000 people. Proceedings of the National Academy of Sciences.
- Doust, C. et 29 auteurs (2022). Discovery of 42 Genome-Wide Significant Loci Associated with Dyslexia. Nature Genetics