Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique
Bâtiment Jaurès
29 rue d'Ulm
75005 Paris, FRANCE
Je suis directeur de recherches au CNRS. Je travaille au Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique, Département d'Etudes Cognitives, Ecole Normale Supérieure de Paris, au sein duquel je dirige l'équipe "Développement cognitif et pathologie".
Je suis également membre du Conseil Scientifique de l’Education Nationale.
NB: Je ne suis ni médecin, ni psychologue, ni orthophoniste, je ne fais aucune consultation d'aucune sorte, et je ne suis donc pas en mesure de répondre aux demandes de conseils personnalisés, ni de vous mettre en rapport avec un professionnel.
Mon équipe étudie les différences individuelles dans le développement cognitif et dans les apprentissages scolaires, leurs bases cognitives et cérébrales, et les facteurs génétiques et environnementaux sous-jacents.
Nous étudions les variations normales et pathologiques du développement cognitif et des apprentissages scolaires, avec une expertise particulière sur la dyslexie développementale, et un intérêt pour les différences entre les sexes.
Au sein du développement, nous nous intéressons particulièrement au langage oral et écrit, aux capacités mathématiques, à la cognition sociale, à l'intelligence générale, et aux troubles psychiatriques.
Nous utilisons des méthodes expérimentales ainsi qu'une approche épidémiologique basée sur des cohortes de naissances et de grandes bases de données cognitives, éducatives, et biologiques.
2022: 3rd Jeffrey L. Elman Prize for Scientific Achievement and Community Building, de la Cognitive Science Society.
2004: Rodin-Geschwind Prize de la Rodin Remediation Academy.
Ces publications sont essentiellement destinées au grand public et aux professionnels francophones. Voir ma page en anglais pour les publications scientifiques.
Le thème général qui m'intéresse et qui unifie les différentes branches de mes recherches est celui du développement cérébral et cognitif de l’enfant. Au sein de ce thème je m'intéresse plus particulièrement à l'acquisition du langage, ainsi qu’au développement d’autres fonctions cognitives de haut niveau. Les questions qui se situent au cœur de ma recherche sont: Quelles sont les prédispositions cognitives qui sous-tendent le développement de l'enfant? Comment ces prédispositions sont-elles implémentées dans le cerveau du nourrisson? Comment le génome humain construit-il un cerveau possédant de telles prédispositions? Comment les influences génétiques et environnementales interagissent-elles pour contraindre le développement des fonctions cognitives?
Au sein du développement cognitif, les fonctions qui m’intéressent particulièrement sont le langage et la cognition sociale. Depuis quelques années, l'angle principal sous lequel j'aborde leur analyse est celui de leurs pathologies telle la dyslexie développementale, l'autisme, et plus récemment la schizophrénie. Je m'efforce d'étudier ces troubles aux niveaux à la fois cognitif, cérébral et génétique, espérant ainsi mettre en relief certains des mécanismes biologiques sous-jacents à l'acquisition du langage et de la cognition sociale.
Au-delà des pathologies, je m’intéresse également à l’étude des facteurs déterminant les différences individuelles dans le développement cognitif. Les facteurs étant nombreux, les interactions complexes et les tailles d’effet de chaque facteur faibles, ce champ de recherche nécessite une approche épidémiologique, impliquant de grandes populations faisant l’objet de multiples mesures et suivies de manière longitudinale.
Un projet de longue date vise à mieux comprendre la nature du déficit phonologique dans la dyslexie. Ce projet a été soutenu par un financement du projet Dysbrain (ANR), qui comporte explicitement un volet d’investigations cognitives assez poussé dans le domaine auditif et phonologique. Les résultats publiés sont brièvement décrits ci dessous.
L’un de mes articles a montré non seulement la comorbidité et le recouvrement phénotypique entre ces deux troubles, mais aussi les caractéristiques qui les distinguent, non seulement au niveau morphosyntaxique (par définition), mais également au niveau phonologique (différences beaucoup plus subtiles)(Ramus, Marshall, Rosen, & van der Lely, 2013).
Avec mes collaborateurs Trevor Agus et Daniel Pressnitzer, j’ai conduit une étude montrant que les adultes dyslexiques mémorisent ces sons aussi bien que les témoins, contrairement aux prédictions d’un certain nombre d’hypothèses sur les déficits auditifs et phonologiques dans la dyslexie (Agus, Carrión Castillo, Pressnitzer, & Ramus, 2014).
Cette étude suggère que les personnes dyslexiques n’ont aucun problème dans ces processus phonologiques subtils, confirmant une autre étude que nous avions conduit chez l’enfant anglais (Marshall, Ramus, & van der Lely, 2010) (Szenkovits et al., 2016) .
De manière générale nos données confortent ainsi toujours plus l’idée que les représentations phonologiques des personnes dyslexiques ne sont pas fondamentalement dégradées, mais que leur accès dans certaines tâches cognitives exigeantes est compromis (Ramus, 2014; Ramus & Ahissar, 2012; Ramus & Szenkovits, 2008).
Agus, T. R., Carrión Castillo, A., Pressnitzer, D., & Ramus, F. (2014). Perceptual learning of acoustic noise by dyslexic individuals. Journal of Speech, Language and Hearing Research, 57, 1069-1077.
Ramus, F., Marshall, C. R., Rosen, S., & van der Lely, H. K. J. (2013). Phonological deficits in specific language impairment and developmental dyslexia: towards a multidimensional model. Brain, 136(2), 630-645.
Ramus, F. (2014). Neuroimaging sheds new light on the phonological deficit in dyslexia. Trends in Cognitive Sciences, 18, 274-275.
Szenkovits, G., Darma, Q., Darcy, I., & Ramus, F. (2016). Exploring dyslexics’ phonological deficit II: phonological grammar. First Language, 36(3), 316–337.
Ce projet de grande ampleur a pour but de clarifier les bases cognitives, cérébrales et génétiques des troubles du langage (oral et écrit), et particulièrement les liens entre les différents de niveaux de description. Il consiste à étudier un grand nombre d’enfants dyslexiques, dysphasiques, témoins, et des membres de leur famille à l’aide d’un protocole incluant une batterie de tests, un prélèvement d’ADN (sang ou salive), et, pour un sous-ensemble des enfants dyslexiques et témoins, un protocole d’imagerie cérébrale. Ce projet s’est appuyé sur sept services hospitaliers et de nombreux collaborateurs, et sur des financements de la Ville de Paris, de l’ANR (Genedys et Dysbrain). Il faisait également partie d’un consortium européen (Neurodys) dont le protocole était un sous-ensemble de celui du projet français.
L’analyse globale des données cognitives montre la quasi-universalité du déficit phonologique parmi les enfants dyslexiques. En revanche, nous n’observons aucun cas véritable de stress visuel et un impact limité de la réduction de l’empan visuo-attentionnel. Par ailleurs les troubles visuo-attentionnels coexistent toujours avec un déficit phonologique, contrairement à l’indépendance rapportée par Bosse, Tainturier et Valdois (2007) Globalement nos résultats remettent en cause ces théories alternatives de la dyslexie (Saksida et al. 2016).
Par ailleurs, les données génétiques françaises ont récemment participé, au sein d’un consortium international (issu de mais non limité à Neurodys), à la première analyse génome-entier de la dyslexie (Giallusi et al. sous presse).
Gialluisi, A., Andlauer, T. F., Mirza-Schreiber, N., Moll, K., Becker, J., Hoffmann, P., … Schulte-Körne, G. (in press). Genome Wide Association Scan identifies new variants associated with a cognitive predictor of dyslexia. Translational Psychiatry. https://doi.org/10.1101/309336 Saksida, A., Iannuzzi, S., Bogliotti, C., Chaix, Y., Démonet, J. F., Bricout, L., . . . Ramus, F. (2016). Phonological skills, visual attention span, and visual stress in developmental dyslexia: insights from a population of French children. Developmental Psychology, 52(10), 1503–1516.
L’intérêt de cette étude (~2000 sujets) a été de porter sur les capacités de lecture et de phonologie d’enfants apprenant à lire dans six langues alphabétiques différentes, couvrant l’ensemble du spectre de la complexité orthographique (dans l’ordre croissant : finnois, hongrois, allemand, néerlandais, français, anglais). Les résultats ont fait l’objet de deux articles : analyse restreinte aux enfants témoins) (Moll et al., 2014) et comparaison entre enfants dyslexiques et témoins (Landerl et al., 2013).
Dans cette dernière étude, basée sur des analyses de régression logistique hiérarchique, nous confirmons d'une part que la conscience phonologique et la dénomination rapide sont les deux principaux prédicteurs de la dyslexie. D'autre part, nous montrons que ces deux variables ont à peu près le même poids relatif dans la prédiction et ce, à tous les niveaux de complexité orthographique. En revanche, leur pouvoir prédictif (et celui du modèle complet) augmente avec la complexité orthographique. Ainsi, dans les langues à orthographe transparente comme le finnois et le hongrois, un déficit d’un écart-type en conscience phonologique multiplie le risque de dyslexie par 2, mais dans les langues à orthographe la plus complexe comme l'anglais et le français, il la multiplie par 4. Dans les langues à orthographe transparente, d'autres facteurs (peut-être visuels) sont de toute évidence à l'œuvre, qui n'ont pas été mesurés dans cette étude.
Les données génétiques ont également été partiellement analysées mais n’ont pas abouti à répliquer les associations connues (Becker et al. 2014).
Becker, J., Czamara, D., Scerri, T. S., Ramus, F., Csépe, V., Talcott, J. B., . . . Schumacher, J. (2014). Genetic analysis of dyslexia candidate genes in the European cross-linguistic NeuroDys cohort. European Journal of Human Genetics, 22, 675-680.
Landerl, K.*, Ramus, F.*, Moll, K., Lyytinen, H., Leppänen, P. H. T., Lohvansuu, K., . . . Schulte-Körne, G. (2013). Predictors of developmental dyslexia in European orthographies with varying complexity. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 54(6), 686-694. *equal contributors
Moll, K., Ramus, F., Bartling, J., Bruder, J., Kunze, S., Neuhoff, N., . . . Landerl, K. (2014). Cognitive mechanisms underlying reading and spelling development in five European orthographies. Learning and Instruction, 29, 65-77.
Le travail d’analyse des images neuroanatomiques d’enfants dyslexiques et témoins a constitué une part très importante du travail effectué par mon équipe ces dernières années, impliquant Irene Altarelli (doctorante, 2009-2013), Katarzyna Jednorog (postdoctorante 2010-2011, collaboratrice à Varsovie depuis), Jingjing Zhao (postdoctorante, 2012-2014, collaboratrice à Xi’an), Lou Scotto di Covella (doctorante, 2013-2017) sous ma supervision et avec l’aide de collaborateurs (Ghislaine Dehaene, Michel Thiebaut de Schotten). Ces analyses portent essentiellement sur les 64 cerveaux scannés au cours du projet Genedys, se combinant à l’occasion avec des images supplémentaires acquises par G. Dehaene-Lambertz ainsi que des collaborateurs internationaux (K. Jednorog, S. Heim).
Nous avons analysé les images T1 à l’aide de plusieurs méthodes: la voxel-based morphometry (VBM) (méthode standard mais dans laquelle nous avons une confiance limitée); la surface-based morphometry (SBM) qui permet d’estimer des mesures anatomiques beaucoup plus précises que la VBM, notamment l’épaisseur corticale locale; la morphométrie de régions ciblées, en particulier le planum temporale et le gyrus de Heschl; la morphométrie des sillons; et les algorithmes de classification multi-paramétriques.
En utilisant la SBM, nous avons trouvé une réduction de l’épaisseur corticale chez les enfants dyslexiques dans le gyrus fusiforme gauche, précisément dans la région définie chez chaque sujet, par le pic d'activation pour les mots écrits. De plus, une interaction groupe x sexe a montré que la différence de groupe n’était obtenue qu’entre les filles dyslexiques et témoins, pas chez les garçons. Enfin, nous avons répliqué ce résultat dans deux populations indépendantes, ainsi qu’en comparant le groupe d’enfants dyslexiques à un groupe d’enfants plus jeunes appariés en niveau de lecture. Il semble donc que le développement fonctionnel anormal de la visual word-form area chez les enfants dyslexiques est associé à une moindre épaisseur de cortex, et que ceci ne puisse être attribué exclusivement à la moindre expérience de ces enfants en lecture (Altarelli et al., 2013).
Nous avons analysé en grand détail les dimensions du planum temporale et du gyrus de Heschl, délimités manuellement en suivant scrupuleusement les critères définis par les neuroanatomistes qui avaient effectué les premières études de dissection (collaboration avec Al Galaburda, Harvard). Nos résultats, obtenus chez 81 enfants droitiers, montrent que chez les témoins, le planum est plus étendu (en surface) dans l’hémisphère gauche que droit, une asymétrie bien connue (Geschwind & Levitsky, 1968). En revanche, chez les garçons dyslexiques, cette asymétrie est inexistante ou inversée, répliquant les observations originales de Galaburda et al. (1985). Chez les filles aucune différence d’asymétrie n’est observée. Ce résultat nous permet de mettre fin à 3 décennies de controverses, en montrant que les contradictions entre les nombreuses études publiées depuis étaient essentiellement dues à 1) l’utilisation de critères hétérogènes pour délimiter les régions d’intérêt, et 2) au faible effectif de la plupart des études (Altarelli et al., 2014).
Nos résultats sont plus généralement compatibles avec l’idée selon laquelle les perturbations cérébrales sous-jacentes à la dyslexie sont probablement en partie différentes entre les garçons et les filles, rejoignant des conjectures antérieures (Humphreys, Kaufmann, & Galaburda, 1990; Ramus, 2006) ainsi que des études plus récentes (Evans, Flowers, Napoliello, & Eden, 2013). Nous développons ce point de vue dans un chapitre de livre (Ramus et al., 2017).
L’analyse initiale de VBM sur les données françaises s’étant révélée peu convaincante, nous avons changé d’échelle, grâce au travail de notre ex-postdoc K. Jednorog qui a rassemblé les données de plusieurs pays : 84 enfants français (issus de Genedys ainsi que d’une étude de G. Dehaene-Lambertz), ainsi que 71 allemands et 81 polonais. Le résultat est que nous trouvons une unique différence significative de volume de matière grise, dans une partie du thalamus gauche (différence qui n’était présente que dans une étude précédente sur la douzaine publiée). Nous suggérons que les résultats de VBM sur la dyslexie précédemment publiés sont probablement des faux positifs. Nous espérons que cette démonstration aidera les neurosciences cognitives à élever leurs standards méthodologiques, notamment en augmentant les effectifs, et en faisant systématiquement des études de réplication, comme c’est maintenant le cas en génétique dans les études génome-entier (Ramus et al., 2018).
Parmi les autres manières d’analyser l’anatomie cérébrale sur la base des images T1, notre doctorante Lou Scotto di Covella a effectué une analyse de la morphométrie des sillons (Scotto di Covella, submitted), tandis que K. Jednorog a conduit une analyse de classification multi-paramétrique en cours d’écriture (Płoński et al., 2017). Ces deux analyses ont été conduites sur les 236 cerveaux français, polonais et allemands.
Enfin, nous avons également commencé à exploiter les données de diffusion, grâce à notre post-doctorante Jingjing Zhao et nos collaborateurs Michel Thiebaut de Schotten et Jessica Dubois. Nous avons montré que deux faisceaux semblent présenter un pattern de symétrie différent chez les enfants dyslexiques : le faisceau occipito-frontal inférieur, qui a une asymétrie moins prononcée vers la gauche chez l’enfant dyslexique que chez le témoin, et le second segment du faisceau longitudinal supérieur, qui a une asymétrie plus prononcée vers la droite chez l’enfant dyslexique. Nous comptons maintenant poursuivre par une analyse approfondie du corps calleux dans la dyslexie (Zhao et al. 2016 ; Lou et al. 2019).
Altarelli, I., Monzalvo, K., Iannuzzi, S., Fluss, J., Billard, C., Ramus, F., & Dehaene-Lambertz, G. (2013). A functionally guided approach to the morphometry of occipito-temporal regions in developmental dyslexia: evidence for differential effects in boys and girls. The Journal of Neuroscience, 33(27), 11296-11301.
Altarelli, I., Leroy, F., Monzalvo, K., Fluss, J., Billard, C., Dehaene-Lambertz, G., . . . Ramus, F. (2014). Planum temporale asymmetry in developmental dyslexia: revisiting an old question. Human Brain Mapping, 35, 5717-5735.
Jednoróg, K., Marchewka, A., Altarelli, I., Monzalvo, K., van Ermingen-Marbach, M., Grande, M., Grabowska, A., Heim, S., & Ramus, F. (2015). How reliable are grey matter disruptions in specific reading disability across multiple countries and languages? Insights from a large-scale voxel-based morphometry study. Human Brain Mapping, 36(5), 1741-1754.
Lou, C., Duan, X., Altarelli, I., Sweeney, J. A., Ramus, F., & Zhao, J. (2019). White matter network connectivity deficits in developmental dyslexia. Human Brain Mapping, 40(2), 505‑516.
Płoński, P., Gradkowski, W., Altarelli, I., Monzalvo, K., Van Ermingen-Marbach, M., Grande, M., . . . , Ramus, F., & Jednoróg, K. (2017). Multi-parameter machine learning approach to the neuroanatomical basis of developmental dyslexia. Human Brain Mapping, 38(2), 900‑908.
Ramus, F., Altarelli, I., Jednoróg, K., Zhao, J., & Scotto di Covella, L. (2017). Brain asymmetries and sex differences in developmental dyslexia. In A. M. Galaburda, N. Gaab, F. Hoeft, & P. McCardle (Éd.), Dyslexia and Neuroscience: The Geschwind-Galaburda Hypothesis 30 years later (p. 78‑86). Baltimore, MD: Brookes.
Ramus, F., Altarelli, I., Jednoróg, K., Zhao, J., & Scotto di Covella, L. (2018). Neuroanatomy of developmental dyslexia: Pitfalls and promise. Neuroscience & Biobehavioral Reviews, 84 (Supplement C), 434‑452. https://doi.org/10.1016/j.neubiorev.2017.08.001
Scotto di Covella, L., Leroy, F., Cauvet, E., Girard, F., Couvignou, M., Caron-Guyon, J., … Ramus, F. (submitted). Morphometry of three sulci in developmental dyslexia.
Zhao, J., Thiebaut de Schotten, M., Altarelli, I., Dubois, J., & Ramus, F. (2016). Altered hemispheric lateralization of white matter tracts in developmental dyslexia: Evidence from spherical deconvolution tractography. Cortex, 76, 51–62.
Mes collaborateurs de Beijing Normal University (BNU) (PI : Hua Shu) ont suivi plus de 300 enfants de l’âge de 3 ans à l’âge de 14 ans, collectant de nombreuses mesures intéressantes au fil des années, particulièrement en lien avec l’apprentissage de la lecture. Les données issues de cette cohorte peuvent permettre de poser notamment les questions suivantes : 1) Quels sont les prédicteurs (cognitifs, environnementaux) précoces des acquisitions ultérieures dans le domaine du langage oral et écrit ? 2) Quelles sont les bases cérébrales de ces acquisitions ? 3) Quels sont les prédicteurs précoces et les bases cérébrales de la dyslexie ? 4) (En comparant avec nos données acquises dans des langues alphabétiques), dans quelle mesure les réponses à ces questions dépendent-elles de la langue ?
Une doctorante de BNU, Mengmeng Su, a passé un an dans mon équipe (2013-2014) grâce à un financement du China Scholarship Council, afin notamment de se former à l’analyse de l’imagerie de diffusion (une IRM a été passée à l’âge de 14 ans chez 79 de ces enfants), et de mener à bien différentes analyses longitudinales. Hua Shu et moi-même avons obtenu un financement PRC entre le CNRS et la National Natural Science Foundation Of China, qui va nous permettre de continuer à échanger et collaborer dans les 3 années à venir.
Dans une première étude (Su et al. 2017), nous avons analysé le pouvoir prédictif des facteurs familiaux précoces et des capacités cognitives initiales mesurés à 3-5 ans sur les capacités de lecture évaluées en grand détail à l’âge de 11 ans. Nous avons trouvé d’une part une prédiction de 20 à 34% de la variance, substantielle à une si longue échéance, d’autre part que la nature des prédicteurs varie en fonction de la capacité de lecture mesurée (reconnaissance de caractères, fluence de lecture, compréhension de texte, orthographe). Par ailleurs, des analyses de médiation montrent que l’effet des facteurs familiaux est entièrement médié par les capacités cognitives précoces mesurées.
Les deux études suivantes exploitent les IRM passées par ces enfants, et notamment l’imagerie de diffusion. La première montre que la connectivité (anisotropie fractionnelle) du faisceau arqué gauche (segments long et postérieur) est associée à différentes trajectoires de développement du vocabulaire de 3 à 11 ans (Su et al., 2017). La deuxième montre que les enfants dyslexiques chinois diffèrent des témoins par la connectivité des faisceaux arqués (segment long) et longitudinal inférieur gauches (Su et al., 2018). De plus, la connectivité du faisceau arqué est corrélée aux capacités phonologiques, comme dans les langues alphabétiques, alors que celle du faisceau longitudinal inférieur gauche est corrélée aux capacités morphologiques, ce qui reflète probablement une spécificité des langues morphographiques (Su et al., 2018).
Su, M., Peyre, H., Song, S., McBride, C., Tardif, T., Li, H., Zhang, Y., Liang, W., Zhang, Z., Ramus, F., Shu, H. (2017). The influence of early linguistic skills and family factors on literacy acquisition in Chinese children: Follow-up from age 3 to age 11. Learning and Instruction, 49, 54–63.
Su, M., Thiebaut de Schotten, M., Zhao, J., Song, S., Zhou, W., Gong, G., McBride, C., Ramus, F., Shu, H. (2018) Vocabulary growth rate from preschool to school-age years is reflected in the connectivity of the arcuate fasciculus in 14-year-old children. Developmental Science, e12647.
Su, M., Zhao, J., Thiebaut de Schotten, M., Zhou, W., Gong, G., Ramus, F., & Shu, H. (2018). Alterations in white matter pathways underlying phonological and morphological processing in Chinese developmental dyslexia. Developmental Cognitive Neuroscience, 31, 11-19.
L’hypothèse que nous testons est que les rythmes corticaux endogènes des personnes dyslexiques pourraient être moins différenciés entre les cortex auditifs gauche et droit, ou que le cortex auditif gauche pourrait être moins réceptif aux oscillations dans la bande gamma que chez des personnes témoins appariées. Alternativement, les dyslexiques pourraient avoir des rythmes corticaux tout à fait normaux, ce qui serait d’ailleurs cohérent avec nos résultats obtenus par des méthodes psycholinguistiques (Ramus & Szenkovits, 2008) (En collaboration avec Anne-Lise Giraud et Katia Lehongre).
Après une première étude de MEG (Lehongre, Ramus, Villiermet, Schwartz, & Giraud, 2011), nous avons conduit une étude d’IRMf/EEG simultanés (Lehongre, Morillon, Giraud, & Ramus, 2013), qui confirme l’anomalie des réponses du cortex auditif gauche à 25-35 Hz, tout en montrant que les réponses cérébrales aux autres bandes de fréquences pertinentes pour la parole (1-3 Hz et 4-7 Hz) sont normales, remettant en cause la théorie concurrente de Goswami (2011).
Ces résultats sont particulièrement remarquables par leur force et par leur adéquation avec les prédictions de Giraud et al. (2007). Néanmoins leur interprétation précise reste incertaine, en particulier les conséquences cognitives présumées, qui devront faire l’objet d’investigations ciblées (Giraud & Ramus, 2013). C’était l’objet d’une partie du projet Dysbrain qui s’est achevé en décembre 2015, et dont l’analyse des données va se poursuivre en 2017-2020 grâce au financement de la fondation Agir pour l’audition.
Giraud, A. L., & Ramus, F. (2013). Neurogenetics and auditory processing in developmental dyslexia. Current Opinion in Neurobiology, 23(1), 37-42.
Lehongre, K., Ramus, F., Villiermet, N., Schwartz, D., & Giraud, A. L. (2011). Altered low-gamma sampling in auditory cortex accounts for the three main facets of dyslexia. Neuron, 72(6), 1080-1090.
Lehongre, K., Morillon, B., Giraud, A. L., & Ramus, F. (2013). Impaired auditory sampling in dyslexia: Further evidence from combined fMRI and EEG. Frontiers in Human Neuroscience, 7, 454. doi:10.3389/fnhum.2013.00454
Avec Emmanuel Dupoux et Pierre Jacob, nous avons mené, grâce à un financement de l'ANR sur les années 2009-2013, le projet Socodev portant sur différents aspects du développement de la cognition sociale.
Au sein de la Tâche 1 dont je m’occupais avec une partie de mon équipe, notre approche a été de décomposer la cognition sociale en composantes les plus élémentaires possibles, et d'étudier ces composantes. Nous nous sommes par conséquent focalisés sur les aspects perceptifs de la cognition sociale. Nous avons étudié comment différents états d’un agent peuvent être extraits intuitivement de scènes visuelles simples et représentés par un observateur. Nous avons étudié principalement quatre types de représentations: (1) la représentation du caractère animé (animacy) (la différence entre objets inanimés et agents animés auto-propulsés); (2) la représentation des buts d'un agent; (3) la représentation des croyances d'un agent et (4) la représentation des attributs sociaux d’un agent.
Notre méthode générale a consisté à utiliser des stimuli non verbaux (des animations silencieuses) et de contraster des tâches verbales explicites avec des mesures non verbales plus implicites, telles que les fixations oculaires. Nous avons étudié ces capacités chez l'adulte, chez l'enfant, et leurs déficits dans le trouble du spectre autistique (TSA) et dans la schizophrénie. Ce travail a été réalisé par deux doctorants psychiatres successifs : Baudouin Forgeot d'Arc pour le développement initial de la batterie de tests et son application à l’autisme, puis Paul Roux pour les développements ultérieurs et l’application à la schizophrénie. Les données collectées sont très riches et sont analysées et publiées progressivement.
Il s’agit du composant le plus basique du système : l’identification d’agents en tant que tels, par opposition avec des objets inertes. Nous essayons d’obtenir des mesures plus implicites de la détection du caractère animé, en utilisant notamment l’eye-tracking.
Nos mesures d’animation de triangles de Frith et Happé ont été validées sur 17 participants (Roux, Passerieux, & Ramus, 2013) et ont ensuite été menées chez des patients schizophrènes, dont nous avons montré que leurs suivis oculaires sont normaux, alors même que les descriptions verbales de ces stimuli sont appauvries (Roux, Smith, Passerieux & Ramus, 2017). Ces résultats sont compatibles avec l’idée d’une perception sociale normale dans la schizophrénie et d’un déficit à un niveau plus explicite et métacognitif ou langagier. Ce protocole reste néanmoins limité par son hétérogénéité, ce qui nous a conduits à préférer des stimuli plus contrôlés décrits ci-après.
Roux, P., Passerieux, C., & Ramus, F. (2013). Kinematics matters: a new eye-tracking investigation of animated triangles. Quarterly Journal of Experimental Psychology, 66(2), 229-244.
Roux, P., Smith, P., Passerieux, C., & Ramus, F. (2016). Preserved implicit mentalizing in schizophrenia despite poor explicit performance: evidence from eye tracking. Scientific Reports, 6, 34728. https://doi.org/10.1038/srep34728
Afin de dépasser les limites des animations de triangles, Paul Roux a développé une nouvelle expérience basée sur le protocole de détection de la traque d’un agent (cercle) par un autre de Gao et al. (2009) (testé sur 40 adultes sains). Les paramètres cinématiques manipulés modulent de manière satisfaisante la capacité des sujets à détecter la traque. De plus, nous avons montré que les mesures d’eye-tracking effectuées simultanément permettent de prédire dans une large mesure la réponse comportementale, permettant d’avoir une mesure totalement implicite de la détection de la traque.
Ce protocole a ensuite été adapté et utilisé sur un groupe de 29 patients schizophrènes et de 29 témoins appariés. Les résultats ont mis en évidence une plus faible sensibilité à la détection de la traque chez les patients. Les analyses de suivi oculaire ont révélé que cette plus faible sensibilité se manifestait à la fois au niveau du traitement implicite et au niveau du traitement cognitif explicite.
Enfin, un élément important dans la détection des buts d’un agent est de décoder la direction de son regard afin de déterminer l’objet de son attention. La question de savoir si cette capacité à suivre le regard est déficitaire ou non dans l’autisme reste débattue. Ce protocole a été passé par 33 patients avec ASD et 38 témoins appariés en âge et QI. Nos résultats suggèrent un léger déficit de suivi de la direction du regard chez les patients (Forgeot d’Arc et al., 2017). Ils laissent néanmoins entière la question de la direction de la causalité entre ce déficit et les perturbations plus générales du fonctionnement social dans l’autisme.
Forgeot d’Arc, B., Delorme, R., Zalla, T., Lefebvre, A., Amsellem, F., Moukawane, S., . . . Ramus, F. (2017). Gaze Direction Detection in Autism Spectrum Disorder. Autism, 21(1), 100-107.
Roux, P., Passerieux, C., & Ramus, F. (2015). An eyetracking investigation of intentional motion perception in schizophrenia. Journal of Psychiatry and Neuroscience, 40(2), 118-125.
Roux, P., Brunet-Gouet, E., Passerieux, C., & Ramus, F. (2016). Eyetracking reveals a slowdown of social context processing during intention attribution in schizophrenia. Journal of Psychiatry and Neuroscience, 41(2), E13-E21.
Au cours de sa thèse, Baudouin Forgeot d’Arc a créé un nouveau paradigme expérimental destiné à tester les capacités de mentalisation, tout en évitant les nombreux écueils et limitations des tâches classiques de fausse croyance (de type Sally-Ann).
Il s'agit de films d'animations réalisés avec le logiciel Flash, mettant en scène des scénarios de type fausse croyance. L'idée est que le regard des sujets va trahir leur surprise lorsque le scénario aboutira à une chute non prévue; la prévision de la chute mettant en jeu les capacités de mentalisation dans les scénarios mentalistes, mais pas mécanistes.
Outre une étude de validation de ce paradigme (Forgeot d'Arc & Ramus, 2011), nous l’avons utilisé avec le même groupe de patients schizophrènes que précédemment. Nous avons trouvé que les patients avaient de plus faibles performances en attribution de croyances que les témoins, en accord avec une littérature déjà importante. En outre, en analysant les fixations sur différentes régions d’intérêt de la scène (objet qui est déplacé ou modifié, visage de l’agent qui voit ou pas le changement), nous avons montré que les patients regardaient moins le visage de l’agent (mais pas l’objet), et que cette différence d’accès à l’information permettait d’expliquer l’essentiel de la différence dans la tâche explicite (Roux, et al. 2014). Nos résultats suggèrent donc que, soit les difficultés de suivi oculaire des patients schizophrènes, soit leur plus faible intérêt pour les visages, a un impact sur leur capacité à attribuer des états mentaux dans des situations sociales complexes.
Forgeot d'Arc, B., & Ramus, F. (2011). Belief attribution despite verbal interference. Quarterly Journal of Experimental Psychology, 64(5), 975-990.
Roux, P., Forgeot d’Arc, B., Passerieux, C., & Ramus, F. (2014). Is the Theory of Mind deficit observed in visual paradigms in schizophrenia explained by an impaired attention toward gaze orientation? Schizophrenia Research, 157, 78-83.
Au-delà des états mentaux d’un agent, les êtres humains attribuent couramment aux autres (à tort ou à raison, mais le plus souvent spontanément) différents attributs sociaux (gentil, sympathique, intelligent, etc.). Il est intéressant d’essayer de comprendre à la fois les mécanismes conduisant à ces jugements sociaux, et leur éventuelle déficience dans certaines populations. A cet effet, B. Forgeot d’Arc a développé une tâche dans laquelle les participants voient des paires de visages, et doivent décider lequel a l’air le plus « gentil ». Les stimuli sont pour une partie des photographies de visages naturels ou synthétiques dans lesquels les traits faciaux associés à la gentillesse sont manipulés, présentés par paires différant par ces traits faciaux de manière soit subtile, soit importante. Les résultats indiquent que les patients autistes ont des jugements moins conformes à la population de référence sur les photographies, mais pas sur les visages synthétiques, quel que soit le niveau de difficulté (paires différant peu ou beaucoup)(33 individus autistes et 38 témoins). Ceci suggère que, soit les difficultés des personnes autistes dans les jugements sociaux ne sont pas dues à des déficits perceptifs, soit il s’agit de déficits perceptifs très subtils concernant des indices présents dans les visages naturels mais non synthétiques (Forgeot d’Arc et al., 2016).
Forgeot d’Arc, B., Ramus, F., Lefebvre, A., Brottier, D., Zalla, T., Moukawane, S., . . . Delorme, R. (2016). Atypical Social Judgment and Sensitivity to Perceptual Cues in Autism Spectrum Disorders. Journal of Autism and Developmental Disorders, 46¸ 1574-1581.
Comme je le dis dans mon introduction, l’étude des facteurs déterminant les différences individuelles dans le développement cognitif nécessite une approche épidémiologique. Dans cette optique, le projet EDEN constitue actuellement ma principale base de données. Je participe également avec mes collaborateurs chinois à des analyses similaires sur les données d’une population d’enfants chinois.
Le projet EDEN (http://eden.vjf.inserm.fr/index.php/fr/accueil) est une cohorte de l’Inserm de 2000 enfants suivis depuis la gestation dans tous les aspects de leur santé. Ils comportent de nombreuses données sur l’environnement des enfants, ainsi que des questionnaires remplis régulièrement par les parents. Il comporte aussi un volet cognitif, notamment une mesure de vocabulaire à 2 ans (questionnaire de McArthur-Bates rempli par les parents), une batterie de tests cognitifs à 3 puis à 5 ans, et des questionnaires sur le comportement et les troubles psychologiques (Strength and Difficulties Questionnaire : SDQ). Cette cohorte nous permet de poser tout un ensemble de questions nouvelles sur les trajectoires développementales des différentes capacités cognitives et des apprentissages, et des interactions entre facteurs génétiques et environnementaux les influençant. Hugo Peyre, doctorant puis chercheur associé dans mon équipe et pédopsychiatre formé à l’épidémiologie, a travaillé sur les données cognitives acquises jusqu’à présent.
7.1 Développement et stabilité des capacités de langage entre 2 et 3 ans :
La première analyse a porté sur le développement des capacités de langage entre 2 et 3 ans et sur la stabilité dans le temps des profils à risques identifiés à 2 ans. Les résultats montrent que les retards de langage sont encore instables entre 2 et 3 ans, dans les 2 sens (récupération du retard, et retard se manifestant plus tardivement). Au-delà des facteurs généraux influençant le développement du langage (sexe, alcool prénatal, allaitement maternel, primiparité, terme gestationnel, éducation parentale, stimulation maternelle), les évolutions entre 2 et 3 ans sont prédites particulièrement par la consommation d’alcool pendant la grossesse, l’allaitement maternel, l’éducation des parents et la fréquence de stimulation maternelle (Peyre et al., 2014).
7.2 Association entre difficultés de langage et déficits d’attention :
Y a-t-il un lien de cause à effet entre les deux, et dans ce cas, dans quelle direction ? Nous avons trouvé que les capacités de langage à 3 ans prédisent une partie de la variance des symptômes d’inattention à 5 ans (estimés par le SDQ), mais pas l’inverse. Nos résultats sont donc cohérents avec les théories qui postulent un rôle du langage dans la régulation comportementale de l’enfant et son contrôle exécutif (Peyre et al. 2016a).
7.3 Quels sont les facteurs environnementaux du développement cognitif qui produisent des effets globaux sur l’ensemble des fonctions cognitives ?
Parmi ceux ci, quels sont ceux qui produisent des effets éventuellement spécifiques ou plus importants sur certaines fonctions ? Nous avons trouvé que, même si la plupart des facteurs ont des effets généraux, certains ont des effets plus importants (voire exclusifs) sur les capacités verbales. C’est notamment le cas du niveau d’éducation des parents, de l’allaitement maternel, mais aussi du nombre de frères et sœurs plus âgés (effet négatif). Nos résultats permettent de commencer à distinguer les facteurs qui induisent entre fonctions cognitives des corrélations positives participant au facteur g d’intelligence générale, et ceux qui au contraire induisent une différenciation des fonctions cognitives (Peyre et al. 2016b).
7. 4 Les enfants surdoués sont-ils plus anxieux ?
Nous basant sur les données de QI et de symptômes comportementaux (SDQ) de plus de 1000 enfants de 5 ans d’EDEN, nous avons trouvé que les 23 qui sont plus de 2 écarts-types au-dessus de la moyenne (QI>130, les enfants « surdoués) n’ont en fait pas plus de symptômes comportementaux que les autres, remettant en cause la croyance populaire (Peyre et al. 2016c). Il sera intéressant de répéter cette analyse au début de l’adolescence lorsque les données à 11 ans auront été collectées, certaines théories supposant que ce n’est qu’à l’arrivée au collège que « l’inadaptation » des enfants surdoués au système scolaire se révèle pleinement.
7.5 Y a t il une relation entre croissance et QI ?
Nous avons étudié dans quelle mesure les grandes étapes développementales de l’enfant, telles qu’elles peuvent être évaluées par des examens cliniques assez sommaires à 4, 8, 12 ou 24 mois, prédisent le QI de l’enfant mesuré à 5-6 ans. Nous avons trouvé que les étapes développementales à 24 mois (notamment celles concernant le langage) peuvent prédire environ 20% de la variance du QI à 5-6 ans. En revanche les mesures à des âges plus précoces n’ont quasiment aucun pouvoir prédictif (Peyre et al. 2017).
Peyre, H., Bernard, J. Y., Forhan, A., Charles, M.-A., De Agostini, M., Heude, B., & Ramus, F. (2014). Predicting changes in language skills between 2 and 3 years in the EDEN mother–child cohort. PeerJ, 2, e335. doi: 10.7717/peerj.335
Peyre, H., Galera, C., van der Waerden, J., Hoertel, N., Bernard, J. Y., Melchior, M., & Ramus, F. (2016a). Relationship between early language skills and the development of inattention/hyperactivity symptoms during the preschool period: Results of the EDEN mother-child cohort. BMC Psychiatry, 16, 380. https://doi.org/10.1186/s12888-016-1091-3
Peyre, H., Bernard, J. Y., Hoertel, N., Forhan, A., Charles, M.-A., De Agostini, M., … Ramus, F. (2016b). Differential effects of determinants of cognitive development on verbal and nonverbal skills at the age of 5-6 years in the EDEN mother-child cohort. Cognitive Development, 40, 152–162.
Peyre, H., Ramus, F., Melchior, M., Forhan, A., Heude, B., & Gauvrit, N. (2016c). Emotional, behavioral and social difficulties among high-IQ children during the preschool period: Results of the EDEN mother-child cohort. Personality and Individual Differences, 94, 366-371.
Peyre, H., Charkaluk, M.-L., Forhan, A., Heude, B., & Ramus, F. (2017). Do developmental milestones at 4, 8, 12 and 24 months predict IQ at 5–6 years old? Results of the EDEN mother–child cohort. European Journal of Paediatric Neurology, 21(2), 272‑279.